L’annonce d’un cancer peut bouleverser la vie de famille, et la question de la maladie peut être délicate à évoquer avec ses enfants, si bien que certains patients évitent même d’aborder le sujet.
Pourtant, il est fortement recommandé de parler de votre maladie avec vos enfants. Un cancer est impossible à dissimuler dans une vie de famille, et peut avoir de nombreux impacts, tant sur l’atmosphère familiale que sur l’organisation du quotidien.
Ainsi, un enfant se rendra nécessairement compte qu’il se passe des choses graves dans son environnement, et les non-dits risquent de le rendre plus anxieux qu’une information claire.
Aborder la question de la maladie avec vos enfants peut être un moment très émouvant et difficile. Il est normal d’avoir les larmes aux yeux, mais il est important de ne pas se laisser déborder par son émotion face à un enfant qui n’est pas assez fort pour supporter la détresse de ses parents.
Aussi, si vous craignez de vous laisser submerger, il est essentiel de vous entourer d’adultes qui pourront intervenir, temporiser la discussion, vous soutenir et vous aider à ne pas vous laisser déborder par votre propre anxiété tandis que vous échangez avec vos enfants.
N’hésitez pas à dédramatiser vos émotions, à expliquer à vos enfants que les larmes sont normales et qu’eux aussi sont libres d’exprimer leurs sentiments en pleurant s’ils en ressentent le besoin.
En fonction de son âge, un enfant n’est pas toujours en mesure de comprendre la sévérité d’une maladie, ni même ses éventuelles conséquences pour le patient.
Il est donc essentiel d’adapter le discours à l’âge de l’enfant en fonction de ce qu’il est en mesure de comprendre et d’appréhender, ainsi qu’au regard de ses réactions.
Avant 2 ans, un enfant est déjà tout à fait capable de percevoir les changements qui s’opèrent au sein d’une famille dont l’un des parents est atteint d’un cancer.
Il perçoit les émotions de ses parents, il peut être sensible à leur stress. L’anxiété de son environnement peut provoquer chez lui une détresse, qui se manifeste typiquement par des pleurs et des insomnies.
Il est donc important de rassurer les enfants de cet âge avec des mots simples, et de bien leur expliquer les éventuelles séparations qui peuvent survenir en cas d’hospitalisation du parent maladie.
Il n’est pas nécessaire d’aborder la gravité de la maladie avec un enfant de cet âge, mais il est important de lui expliquer que papa ou maman a mal, et qu’il a besoin de voir le docteur.
Les enfants de 3 à 6 ans peuvent comprendre le concept de la maladie, notamment lorsqu’ils ont déjà été malades eux-mêmes. Ils sont alors familiers des notions de docteur, de médicaments et de repos.
Malgré cet état de fait, il convient de s’adapter à leur durée de concentration limitée et d’user de mots simples pour leur expliquer la situation.
À cet âge, inutile de parler en détail de la maladie et de sa sévérité, mais plutôt de ce qui va changer dans le quotidien de la famille. L’objectif est de les rassurer et de leur faire comprendre que des changements vont se produire, et qu’ils ne doivent pas être appréhendés.
Entre 7 et 12 ans, l’enfant est plus volontiers demandeur d’information. Il est intéressant de s’appuyer sur des livres et des brochures conçues spécifiquement pour les enfants de cette tranche d’âge et pour votre situation particulière.
Il ne faut pas hésiter à aborder avec lui des sujets plus complexes, car ils sont à même d’appréhender la gravité de la situation. Souvent, un enfant de cet âge peut réagir par des baisses de résultats scolaires, et peut avoir besoin du soutien d’un psychologue.
L’adolescence est une période délicate pour bien des enfants. Les adolescents sont souvent déjà préoccupés par leurs propres problèmes, et il peut leur être difficile de s’intéresser à la maladie de leurs parents.
Toutefois, il est important de persévérer pour leur expliquer la situation, en expliquant que celle-ci va s’inscrire dans le quotidien de la famille.
À cet âge, l’enfant est capable de comprendre les tenants et les aboutissants de la maladie aussi bien que n’importe quel adulte, mais il n’est pas encore capable de gérer ses émotions comme tel. Aussi, il convient de rester rassurant et d’éviter les questions sans réponse.
En effet, un adolescent peut avoir envie d’aller chercher des réponses sur Internet, ou nombre de contenus faux, mal adaptés ou trop détaillés peuvent être sources d’angoisse.
La question du pronostic du cancer, et notamment l’éventualité de la mort, est souvent la question qui préoccupe le plus les enfants confrontés à la maladie d’un de leurs parents.
Si la question du pronostic se pose, il est recommandé d’exposer vos possibilités de traitement et chances de guérison de manière objective, sans chercher à mentir à votre enfant.
Vous pouvez mettre l’accent sur le fait que l’équipe médicale mettra tout en œuvre pour votre guérison, ainsi qu’évoquer la notion de maladies chroniques, qui est désormais l’axe de prise en charge de bien des cancers incurables.
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