Un taux de créatinine élevé n’est pas synonyme de cancer, mais il peut en être une conséquence silencieuse, notamment dans le cadre d’un cancer du rein. Sa surveillance régulière, associée à une écoute attentive des signes cliniques, permet de poser un diagnostic plus rapidement pour adapter la stratégie thérapeutique ou les mesures hygiéno-diététiques à suivre.
La créatinine est une substance produite par les muscles à partir de la dégradation de la créatine. Elle passe dans le sang, puis est filtrée et éliminée dans les urines par les reins. Son dosage est donc un bon reflet de leur capacité d’épuration.
Deux types d’analyses permettent de la mesurer :
Plus la fonction des reins se dégrade, plus la créatinine s’accumule dans le sang. Toutefois, ce taux varie en fonction de plusieurs facteurs : âge, sexe, masse musculaire, état d’hydratation… et surtout selon les références du laboratoire d’analyse. Il est donc essentiel de se référer à l’intervalle fourni sur le compte rendu plutôt qu’à un seuil universel.
En général, une valeur supérieure à 13–15 mg/L peut justifier un suivi. Mais c’est surtout l’évolution dans le temps, associée à l’état clinique du patient et aux autres résultats biologiques qui permettent d’interpréter correctement cette donnée.
Un taux de créatinine élevé peut être lié à des situations parfaitement bénignes, mais aussi à des pathologies plus sévères.
Certaines causes sont transitoires : une déshydratation importante, une prise de médicaments néphrotoxiques, ou encore un effort musculaire intense juste avant la prise de sang peuvent fausser le résultat.
Mais d’autres origines doivent être envisagées si l’élévation est persistante ou inexpliquée : insuffisance rénale chronique, obstruction urinaire (par calcul ou hypertrophie prostatique), infections rénales ou pathologies plus sévères.
Dans ce contexte, une tumeur du rein peut perturber le fonctionnement de l’organe. En comprimant les voies urinaires ou en envahissant le tissu rénal, la tumeur peut altérer la capacité de filtration, provoquant une augmentation progressive de la créatinine dans le sang. L’atteinte peut être unilatérale, mais entraîner des répercussions sur l’ensemble du bilan rénal.
Le cancer du rein est souvent asymptomatique aux premiers stades. Il est parfois découvert de manière fortuite, lors d’un examen d’imagerie ou d’un bilan biologique.
Quand les symptômes apparaissent, ils restent discrets : douleurs lombaires isolées, fatigue, perte de poids, fièvre modérée, ou présence de sang dans les urines (hématurie). Dans certains cas, une masse abdominale peut être palpable.
Une élévation du taux de créatinine, surtout si elle est progressive et accompagnée de signes cliniques, doit motiver une consultation et conduire à des examens d’imagerie, notamment :
Il est important de souligner qu’un taux de créatinine élevé n’est pas un marqueur tumoral de cancer, mais simplement un indicateur fonctionnel. Il peut alerter sur une souffrance rénale, dont la cause doit être identifiée et prise en charge.
Il n’y a pas de seuil unique inquiétant. Ce qui compte, c’est le contexte global : le terrain du patient, les symptômes associés, la variation du taux dans le temps, et la présence éventuelle d’anomalies urinaires.
Chez un patient sans antécédents, une créatinine élevée et stable peut rester sans conséquence immédiate. Mais si ce taux augmente rapidement ou s’accompagne d’anomalies cliniques (douleur lombaire, hématurie, perte de poids…), un bilan d’imagerie rénale est indispensable.
Dans tous les cas, une discussion avec le médecin traitant ou un spécialiste est essentielle pour ne pas passer à côté d’une pathologie rénale évolutive, y compris tumorale.
Au Centre Horg, notre équipe organise une surveillance personnalisée, en lien avec l’urologue, le radiothérapeute et le médecin traitant, afin d’adapter le rythme des dosages et les contrôles d’imagerie.
Chez les patients ayant eu une néphrectomie partielle ou totale dans le cadre d’un cancer du rein, la surveillance du taux de créatinine devient un outil de suivi incontournable.
Ce dosage permet de s’assurer que le rein restant assure correctement la filtration, mais aussi d’adapter les traitements oncologiques, en particulier les chimiothérapies, les immunothérapies ou la radiothérapie. Certains produits doivent en effet être ajustés selon la fonction rénale pour éviter les effets secondaires.
En complément du dosage de la créatinine, d’autres éléments peuvent être surveillés : urée, ionogramme sanguin, et examens d’imagerie réguliers.
Il est aussi important de prévenir les facteurs de risque rénaux après le traitement : éviter les médicaments néphrotoxiques, rester bien hydraté, surveiller sa tension artérielle et maintenir une hygiène de vie protectrice pour les reins.