Une question, un doute, besoin d’un avis médical ? Contactez notre secrétariat médical
Les cancers de la sphère ORL., également nommés cancers de la tête et du cou ou cancers des VADS (Voies Aéro-Digestives Supérieures), regroupent différentes tumeurs malignes se développant à partir des cellules du tractus buccal et/ou respiratoire supérieur.
Leur dépistage, leur diagnostic et leur prise en charge dépendent du type de chaque cancer et du profil de chaque patient.
Relativement fréquents, les cancers ORL se situent au 6ème rang des cancers dans le monde et au 4ème rang des cancers le plus souvent rencontrés en France.
Ils atteignent préférentiellement les hommes entre 50 et 64 ans, Toutefois, l’écart homme/femme tend à se gommer au fil des décennies, phénomène que l’on explique par l’évolution des mœurs.
Pour cause, l’apparition de cancers de la sphère ORL. est hautement corrélée à la consommation d’alcool et au tabagisme, habitudes autrefois presque exclusivement masculines.
Cependant, un autre facteur de risque émerge depuis plusieurs années, celui de l’infestation chronique au Papilloma virus, aussi appelé HPV (Human Papilloma Virus) pouvant affecter autant les femmes que les hommes.
On regroupe, sous l’appellation de cancers de la sphère ORL., un vaste panel de cancers affectant les voies digestives et respiratoires supérieures, dont les cancers de la langue, de l’œsophage, du nez, ou encore de la gorge.
Il s’agit essentiellement de carcinomes épidermoïdes (plus de 85% des cas), tumeurs malignes se développant à partir des cellules qui tapissent les muqueuses de la bouche et de la gorge.
On rencontre également des formes plus rares de cancers de la sphère ORL., tels que des sarcomes, des lymphomes, des mélanomes, ou autres carcinomes se développant sur des zones moins communes (sinus, fosses nasales, amygdales, glandes salivaires, etc.).
On distingue les cancers de la sphère ORL. principalement selon leur localisation :
Tumeurs de la cavité buccale (langue mobile, plancher buccal, lèvres) et de la gorge appelée également oropharynx (amygdale, base de langue, voile du palais) qui représentent 80% des cancers ORL.
Tumeurs du larynx (cordes vocales : organe de la parole situé dans la gorge) représente, à lui seul, 30 à 35% des cancers de la sphère ORL. Tumeurs de l’hypopharynx situé en arrière du larynx (sinus piriforme) dans 10 à 15% des cas.
Tumeur du rhinopharynx (également appelé Cavum ou nasopharynx) sont plus rares. Ils sont liés à l’infection par l’Epstein Barr Virus (EBV) plus présent sur le pourtour méditerranéen.
Tumeurs des cavités naso-sinusiennes, moins fréquentes, peuvent être liées à l’exposition à certaines poussières, notamment aux sciures de bois ou produits chimiques (exposition professionnelle).
Si la consommation d’alcool et le tabagisme est responsable de la plupart des cancers de la sphère ORL., de même que l’HPV à l’étage oropharyngé, c’est le virus Epstein Barr (herpès) qui induit presque exclusivement les cancers du cavum et certains facteurs environnementaux professionnels (poussière, sciure, produits chimiques, etc.) se retrouvent en cause dans la survenue des cancers atypiques.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de campagne de dépistage organisée ou généralisé à proprement parler en France.
Le dépistage des cancers de la sphère ORL. se réalise donc lors de l’exploration de symptômes visibles (lésion, masse, saignements buccaux, toux, etc. ) ou ressentis (douleur, démangeaison, etc.).
Les cancers de la bouche étant situés dans une zone aisément visible et très sensible, ils alertent généralement précocement le patient et sont souvent dépistés tôt.
Le dépistage précoce des cancers de la gorge ou du larynx, en revanche, est plus délicat, du fait des symptômes plus frustres à savoir : dysphagie ou odynophagie (difficulté à déglutir ou douleur à la déglutition pouvant ressembler à une angine), dysphonie (pouvant être pris comme simple extinction de voix), rhinite chronique, otalgie (douleur à l’oreille)…
C’est avant tout la persistance de ces symptômes qui doit alerter et pousser à consulter.
Le diagnostic des cancers de la sphère ORL. intervient après différents examens qui permettent à l’équipe médicale de réunir suffisamment d’informations pour avérer la nature maligne de la lésion et déterminer comment la traiter.
L’examen clinique est souvent la première étape du dépistage et diagnostic. À cette occasion, le praticien questionne son patient sur ses antécédents médicaux et familiaux, et recherche l’ensemble des symptômes présents. A l’aide d’un abaisse-langue, il peut examiner la cavité buccale ainsi qu’une partie de l’oropharynx. Lorsque la lésion est localisée sur les tissus superficiels de la bouche, elle est parfois observable à l’œil nu. Il va également réaliser la palpation des aires ganglionnaires au niveau du cou à la recherche des ganglions, dits adénopathies, suspects.
Après un examen clinique minutieux, des examens d’imagerie médicale sont nécessaires pour compléter le diagnostic, localiser la tumeur et analyser sa morphologie. Peuvent alors être réalisés :
Une endoscopie, ou fibroscopie (naso-fibroscopie) : examen visant à introduire une caméra souple dans les voies aérodigestives du patient, peut être pratiquée pour localiser et observer une tumeur de la gorge, de l’œsophage ou de la trachée.
Un scanner ou une IRM permettant de voir la lésion mais également de rechercher des atteintes associées telles que des adénopathies ou lésions plus à distance.
Un TEP-scanner (permettant de révéler des lésions peu visibles sur un scanner classique) peut également compléter le bilan d’extension avant tout traitement.
Une fois la lésion localisée, une biopsie, c’est-à-dire un prélèvement de la lésion est réalisée. Ce prélèvement est analysé dans un laboratoire d’anatomo-pathologie, et c’est lui qui confirmera le diagnostic de cancer avec une preuve histologique. Il est donc fondamental avant tout traitement.
Les cancers de la sphère ORL. sont relativement fréquents, et peuvent présenter un pronostic délicat, notamment lorsqu’ils ont été diagnostiqués tardivement.
En l’absence d’une campagne de dépistage nationale organisée, il est important de surveiller les symptômes de cette sphère, et de consulter à la moindre anomalie détectée. Une petite plaie buccale, des saignements douloureux, une inflammation persistante, ou encore un aphte qui ne disparaît pas en quelques jours, sont autant de symptômes qui devraient vous motiver à consulter.
Une fois le diagnostic de cancer O.R.L. confirmé, le choix du type de prise en charge est discuté en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (dite RCP), qui regroupe différents spécialistes à même de proposer le protocole de traitement le mieux adapté au cas par cas.
Effectivement, comme décrit dans notre partie « généralité des cancers de la sphère ORL », on différencie le cancer selon sa localisation ainsi que selon le type de cellules tumorale présente. En plus de ces éléments, le choix de prise en charge tient compte du terrain (âge, antécédents médicaux…) du patient.
De ce fait, la stratégie thérapeutique décidée doit être adaptée et personnalisée à chaque patient.
La chirurgie oncologique est le traitement de référence dans la prise en charge de la majorité des cancers de la sphère O.R.L.
C’est une intervention de première intention à visée carcinologique, c’est-à-dire que l’on pratique afin de retirer l’intégralité de la tumeur cancéreuse. C’est un traitement local et régional puisqu’il peut également concerner la résection de ganglions adjacents à la tumeur.
L’intervention, nommée résection chirurgicale, consiste à retirer la tumeur cancéreuse dite primitive avec une marge de sécurité dans les tissus sains, associé ou non à un curage ganglionnaire.
La prise en charge chirurgicale concerne la plupart des cancers ORL, à savoir la cavité buccale, le larynx, les sinus voire l’oropharynx, mais n’a pas sa place dans les cancers du cavum/rhinopharynx.
Contrairement à la chirurgie, la chimiothérapie est un traitement systémique qui agit dans tout l’organisme afin d’éliminer les éventuelles cellules cancéreuses locales mais également à distance.
Dans le cadre des cancers ORL localisés ou localement avancés, elle est habituellement prescrite en association à la radiothérapie, dite chimio-radiothérapie concomitante (ou radiothérapie potentialisée) pour associer un traitement local à un traitement général. L’association de ces deux traitements à un effet synergique, c’est-à-dire que l’un complète l’efficacité de l’autre.
Elle permet, en effet d’atteindre des cellules cancéreuses impossibles à localiser dans l’organisme, ce qui réduit efficacement les risques de récidive locale et à distance.
La chimio-radiothérapie concomitante peut être indiquée :
soit au décours d’une chirurgie, afin de compléter le traitement, appelée alors traitement adjuvant.
Soit d’emblée, lorsque le geste chirurgical n’est pas réalisable.
La chimiothérapie peut également être indiquée en première intention, avant une chimio-radiothérapie, afin de réduire le volume de la tumeur et des ganglions ; ce qui est le cas dans le cadre des cancers du cavum notamment.
Lorsque le cancer ORL présente une atteinte plus avancée, voire des localisations à distance, dites métastases, la chimiothérapie est alors le traitement de référence. Celle-ci peut être associée à une immunothérapie.
L’immunothérapie, de même que certaines thérapies ciblées, ne sont pas réalisées en première intention seules, mais peuvent être associées, dans certains cas, à la chimiothérapie. De nombreuses études sont en cours, afin d’élargir les indications d’immunothérapie dans les cancers ORL.
La radiothérapie est un traitement local, utilisant des rayonnements à haute énergie, pour détruire ou endommager les cellules cancéreuses.
Les rayons sont produits par un accélérateur à particules, puis dirigés en faisceau vers le site abritant la tumeur à irradier (Cliquez sur ce lien pour plus d’informations sur le mécanisme d’action de la radiothérapie)
La radiothérapie a une place importante dans la prise en charge de nombreux cancers ORL. Elle peut être réalisée :
Soit de façon adjuvante, au décours d’une chirurgie, seule ou en association à de la chimiothérapie (par exemple, en cas de cancer de la cavité buccale ou de l’oropharynx localisé). Dans cette situation, elle permet de compléter une chirurgie oncologique pour éliminer les dernières cellules cancéreuses microscopiques qui n’ont pas été ôtées au cours de l’intervention.
Soit de façon exclusive, seule ou en association à la chimiothérapie, lorsque la chirurgie n’a pas sa place dans la prise en charge (par exemple, dans la plupart des cancers de l’oropharynx localement avancés, dans les cancers de l’hypopharynx ou dans les cancers du cavum).
Soit, dans des cas particuliers du cancer du larynx, elle peut être réalisée afin d’éviter une chirurgie délabrante, la laryngectomie totale, en première attention, ou néo-adjuvante, dans une stratégie dite de préservation d’organe.
Il existe différentes techniques de radiothérapie pouvant être mises en œuvre dans le cadre de la prise en charge d’un cancer de la sphère O.R.L. Classiquement, c’est la radiothérapie externe conformationnelle avec modulation d’intensité qui est la plus utilisée. Celle-ci consiste à irradier la tumeur à travers la peau du patient, sans aucune intervention chirurgicale. C’est un procédé indolore et non abrasif.
La radiothérapie robotisée stéréotaxique, quant à elle, fait partie des dernières innovations en matière de traitements oncologiques. Toutefois, c’est une technique extrêmement précise qui permet d’accroître les doses administrées pour une meilleure efficacité, tout en limitant les dégâts causés aux tissus sains, n’a pas sa place en première intention puisque les volumes à traiter pour éradiquer le cancer sont souvent trop conséquents.
Au final, chaque cancer de la sphère O.R.L. est unique et requiert un traitement personnalisé. Dans une majorité des cas, le traitement de première intention de cette pathologie consiste habituellement en une chirurgie oncologique complétée par une chimioradiothérapie permettant de réduire les risques de récidive ; mais il est systématiquement adapté à chaque maladie et à chaque patient.
Après un cancer de la sphère O.R.L., le patient doit bénéficier d’un suivi et d’une surveillance adaptés au type de cancer ainsi qu’aux traitements réalisés.
En effet, le suivi doit prendre en charge tant les effets secondaires et les séquelles causées par la maladie, que ceux liés aux traitements mis en œuvre pour lutter contre la maladie.
Une stratégie de surveillance adaptée doit également permettre d’anticiper les risques de récidive pour diagnostiquer précocement une éventuelle rechute.
Les examens cliniques s’inscrivent dans le suivi de chaque patient à la suite d’un cancer de la sphère O.R.L., quel qu’il soit.
Il est important de noter que, dans 40 % des cas, la récidive d’un cancer de la tête et du cou est asymptomatique.
Il consiste en :
L’interrogatoire (il est donc important de rapporter à votre médecin tous les changements physiologiques et symptômatique que vous avez pu repérer, même s’ils vous semblent anodins notamment perte d’appétit, perte de poids ou fatigue accrue, sont autant de symptômes qui doivent être signalés).
Examen clinique endo-buccal avec un abaisse-langue, palpation des aires ganglionnaires du cou et sus-claviculaire.
La fréquence de cet examen clinique est généralement de :
tous les 2-3 mois la 1ère année
tous les 3-4 mois la 2ème année
tous les 4-6 mois, selon le type initial de cancer, la 3ème et 4ème année.
A partir de 5 ans, l’intervalle des consultations s’espacent, tous les 8-12 mois selon les risques et les séquelles des traitements à surveiller.
La pleine coopération du patient et sa rigueur dans le respect de ses rendez-vous médicaux pendant son suivi sont essentielles pour lui permettre de bénéficier d’un pronostic optimal.
Selon le type et surtout la localisation initiale du cancer, différentes imageries sont réalisées dans le suivi :
La fréquence de ces examens sera données par l’oncologue-radiothérapeute et l’ORL au décours du traitement réalisée. Elle permet de compléter le suivi clinique et une première imagerie est généralement réalisé dans les 2-3 mois après la fin du traitement.
Les cancers de la sphère O.R.L. peuvent impacter significativement le régime alimentaire des patients. En fonction de la localisation de la lésion et des thérapies administrées, l’ingestion d’aliments solides est parfois complexe, douloureuse, voire impossible.
La consultation diététique fait donc partie intégrante du suivi des patients ayant été traités pour un cancer de la tête et du cou. Elle doit leur permettre de réapprendre à s’alimenter correctement, afin d’éviter la dénutrition, susceptible de compromettre la convalescence et la santé sur le long terme.
Il est important de savoir que tous les patients atteints de cancers ont droit à différents soins de support, dont l’accompagnement diététique n’est qu’un seul aspect.
Le suivi psychologique, notamment, est également crucial pour aider le patient à surmonter le traumatisme occasionné par l’annonce de la maladie et à réintégrer le monde social et professionnel.
En outre, le patient a droit à une prise en charge de la douleur adaptée à ses besoins et à son ressenti personnel.
Le suivi ne s’arrête pas à la surveillance des éventuelles récidives. Il doit également permettre au patient de réapprendre à vivre avec les séquelles laissées par les traitements et la maladie, et à surmonter ses traumatismes psychologiques. Outre l’aspect proprement médical, le suivi s’étend à la réinsertion socioprofessionnelle et à l’optimisation du confort de vie du patient et de son entourage.
Pour se faire, l’équipe de HORG a mis en place un accompagnement personnalisé, dès le début de la prise en charge du cancer mais également au décours de la fin des traitement, réalisé à l’Institut Rafaël sous la forme d’un Parcours de Soins adapté.