Être atteint d’une tumeur cérébrale, ce n’est pas seulement faire face à une maladie grave, c’est aussi entrer dans un parcours de soins complexe, qui mobilise de nombreuses compétences médicales et humaines. Dès le diagnostic, les décisions thérapeutiques sont prises de manière collective lors de réunions de concertation multidisciplinaire (RCP). Neurochirurgien, oncologue médical, oncologue radiothérapeute, radiologue, anatomo-pathologiste, psychologue et spécialistes du soin de support agissent ensemble pour proposer une prise en charge personnalisée, adaptée à chaque situation clinique.
Dans de nombreux cas, le neurochirurgien est le premier à intervenir dans le parcours de soins. Son rôle ne se limite pas à opérer. Il évalue la faisabilité d’un geste chirurgical, propose une stratégie adaptée et échange avec les autres spécialistes pour orienter la suite de la prise en charge.
La chirurgie intracrânienne a un double objectif : soulager les symptômes en réduisant la masse tumorale et obtenir une analyse histologique fiable. Grâce à des techniques comme la neuronavigation, la chirurgie éveillée ou encore la surveillance électrophysiologique peropératoire, le geste opératoire est de plus en plus précis. Il permet souvent de préserver les fonctions neurologiques tout en retirant la plus grande quantité possible de tissu tumoral.
Lorsqu’une exérèse complète n’est pas réalisable (localisation trop profonde, tumeur infiltrante, proximité de structures vitales), une simple biopsie peut être pratiquée. Le neurochirurgien est donc un pilier central du parcours de soins en assurant la transmission d’informations essentielles au reste de l’équipe médicale.
L’oncologue intervient très rapidement après l’opération ou, dans certains cas, dès le diagnostic. Il est chargé de définir la stratégie médicale la plus efficace : chimiothérapie, thérapies ciblées, surveillance rapprochée ou combinaison de traitements. Ce médecin est au cœur de la coordination entre les différents spécialistes.
La décision thérapeutique dépend de plusieurs facteurs : type de tumeur, grade, profil moléculaire, âge du patient, état neurologique, tolérance potentielle au traitement… L’oncologue ajuste le protocole en fonction des bilans biologiques, des imageries cérébrales successives et de la réponse clinique.
Par ailleurs, il assure le suivi à moyen et long terme, surveille les rechutes et gère les effets secondaires parfois complexes, en lien avec les équipes de soins de support. Son rôle de « chef d’orchestre » prend tout son sens lorsqu’il s’agit de coordonner plusieurs traitements en parallèle.
Le radiothérapeute est un autre acteur majeur dans la prise en charge des tumeurs cérébrales, en particulier lorsque l’opération ne permet pas de retirer la totalité de la tumeur, ou quand la chirurgie n’est pas envisageable. Son rôle est stratégique et thérapeutique.
Chaque patient bénéficie d’une préparation minutieuse, réalisée sous sa supervision. Le radiothérapeute étudie avec précision les imageries cérébrales, définit les volumes à irradier et choisit la technique la plus adaptée (irradiation conformationnelle, stéréotaxique, modulation d’intensité…). Il s’assure que les zones saines du cerveau sont le mieux préservées possible. C’est lui qui valide chaque étape du plan de traitement avant de le lancer.
Au quotidien, il suit de près l’évolution du patient pendant les séances de radiothérapie. Fatigue, œdèmes, troubles neurologiques : chaque effet secondaire est évalué et géré par le radiothérapeute, en lien avec les équipes médicales. Le radiothérapeute peut interrompre ou modifier le protocole de radiothérapie en cas de besoin. En contact direct avec le patient tout au long du traitement, il joue un rôle clé dans l’adhésion au parcours de soins.
La tumeur cérébrale ne se résume pas à une anomalie visible sur une IRM. Elle affecte le quotidien, la concentration, la parole, les émotions… D’où l’importance des soins de support, pensés pour soulager les effets de la maladie et des traitements sur tous les plans : physique, psychologique, cognitif et social.
Dès l’annonce du diagnostic, des professionnels spécialisés peuvent être mobilisés, tels que : psychologue, neuropsychologue, assistant social, ergothérapeute, orthophoniste, nutritionniste… Le but est d’accompagner le patient dans ses choix, de maintenir son autonomie et de favoriser un retour progressif à une vie active, lorsque c’est possible.
L’évaluation des fonctions cognitives permet d’anticiper certaines difficultés ou de proposer des solutions concrètes, notamment en rééducation ou en adaptation de l’environnement. Les troubles de la mémoire, de l’attention ou de la motricité fine peuvent pouvoir être pris en charge très tôt, pour améliorer les chances de récupération.
Les proches aidants sont eux aussi concernés. Informations, soutien psychologique, coordination avec le domicile ou avec des structures d’accueil : tout est mis en œuvre pour alléger la charge mentale et physique qu’ils supportent souvent.
Les décisions thérapeutiques ne sont jamais prises de manière isolée. Chaque dossier de tumeur intracrânienne est discuté lors d’une RCP, où sont présents neurochirurgiens, oncologues, radiothérapeutes, radiologues, anatomopathologistes et autres spécialistes.
Cette approche collective permet d’ajuster les traitements au fil de l’évolution de la tumeur, mais aussi des besoins et préférences du patient. Dans un contexte aussi sensible, pouvoir être écouté, compris et soutenu fait partie intégrante de la stratégie thérapeutique.