Lors du diagnostic d’un cancer, l’équipe médicale élaborant le protocole de traitement doit prendre en compte différents éléments avant toute instauration du traitement, à savoir, l’efficacité du traitement bien entendu, mais également les effets indésirables susceptibles d’être engendrés par ces derniers, qu’ils soient directs et aigües (tels que les nausées ou la perte de cheveux en cours de chimiothérapie), mais également ceux à plus long terme pouvant impacter sur l’état physique, fonctionnelle, psychique, sociale, professionnelle éventuellement causés , ou encore lié à la sexualité du patient après les traitements.
On ne prend pas en charge un cancer en tant que maladie, mais bien une personne humaine atteinte d’une maladie à traiter tout en contrôlant les effets néfastes causés par nos traitements. Cette prise en charge doit donc être globale et personnalisée.
En cas de risque d’altération de la fertilité, la patiente doit absolument être informée du risque et orientée vers une consultation d’onco-fertilité visant à lui expliquer les potentielles conséquences des traitements sur ses capacités de reproduction et à lui proposer des solutions de préservation de la fertilité avant de débuter les traitements.
De fait, les progrès de la médecine oncologique permettent une augmentation constante de la survie des anciennes patientes; l’information sur la capacité d’une femme à fonder une famille après son cancer est désormais un aspect immanquable de leur prise en charge globale. Celle-ci est encadrée par la loi bioéthique de 2004.
« Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, ou dont la fertilité risque d’être prématurément altérée, peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux, en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation, ou en vue de la préservation et de la restauration de sa fertilité. »
Loi de bioéthique de 2004 et de l’Article L2141-11 du code de la santé publique modifié par LOI n°2011-814 du 7 juillet 2011 – art. 32
Le cancer est une pathologie complexe, et à l’heure actuelle, il n’y a pas de marqueur validé pour prédire le risque d’infertilité avec certitude après traitement d’un cancer. Nous sommes plutôt en mesure de prédire un risque d’aménorrhée (d’arrêt des cycles menstruels) reflétant la réserve ovarienne.
Pour en savoir plus sur les effets secondaires de la radiothérapie
Il est possible de prédire le risque d’insuffisance ovarienne après un traitement du cancer des ovaires, plusieurs paramètres sont pris en compte :
Certaines conséquences indirectes des traitements sont également à même d’altérer la fertilité féminine : le cycle menstruel et la production d’ovocytes peuvent en effet être perturbés par le stress, l’anxiété, la douleur et l’épuisement. Une prise en charge globale est donc primordiale pendant et au décours du traitement.
Enfin, les traitements contre le cancer peuvent être hautement toxiques pour l’embryon. Aussi, même lorsque la fertilité est préservée, il est habituellement hautement recommandé d’éviter toute grossesse durant le traitement – qui peut durer jusqu’à 5 ans pour l’hormonothérapie.
Pour contrer les effets délétères des thérapies utilisées dans la prise en charge du cancer sur la fertilité féminine, une stratégie de préservation de la fertilité doit être proposée à chaque patiente dont la capacité reproductrice est menacée par les traitements.
Différents facteurs sont mis en perspective pour déterminer la méthode de conservation la mieux adaptée à chaque patiente en fonction de son profil, de la toxicité des traitements envisagés, de l’urgence de la situation et de la nature du cancer traité.
Cette intervention vise à prélever des ovocytes avant le début du traitement, puis à les congeler dans de l’azote liquide afin de les conserver durablement. Elle concerne souvent les jeunes patientes ou celles n’étant pas en couple stable ou n’ayant pas de désir actuel de grossesse.
Cette intervention consiste à prélever des ovocytes, après stimulation ovarienne, avant le début du traitement, et à les mettre en fécondation avec les gamètes du conjoint. Les embryons ainsi obtenus sont congelés dans l’azote liquide et ne peuvent être utilisés que sur décision des deux parents biologiques. Le couple doit encore exister à la fin du traitement, et une évaluation de sa stabilité est nécessaire. NB : dans le cadre du cancer du sein : En cas de cancer RH+ (récepteurs hormonaux positifs): on discutera la possibilité de la stimulation au cas par cas, au mieux après chirurgie, et en fonction de la gravité de la maladie.
Cette intervention consiste à prélever une partie ou la totalité d’un ovaire avant le début du traitement, et à conserver certains fragments de la corticale ovarienne – tissu qui produira les futurs ovules. NB : cette indication est limitée dans le cadre du cancer du sein (gonadotoxicité faible à intermédiaire de la chimiothérapie et risque de diminution de la fonction ovarienne par cette technique). Elle n’est pas recommandée chez les patientes porteuses d’une mutation BRCA.
Pour toutes les femmes en cas de nécessité de débuter un traitement très rapidement:
N’hésitez pas à vous tourner vers oncologue (ou à demander un 2nd avis) si vous avez des questions sur les conséquences de votre maladie et/ou de vos traitements sur votre fertilité, ou sur la méthode de préservation que l’on vous a proposée.