Zona possible signe d’un cancer sous jacent

Zona : possible signe d’un cancer sous-jacent ?

juin 17, 2025

Dr Clémentine Besnard

Le zona, connu pour ses éruptions cutanées douloureuses et ses démangeaisons intenses, est une affection qui résulte de la réactivation du virus varicelle-zona (VZV).

Souvent associé à un système immunitaire affaibli et/ou au stress, le zona peut parfois révéler des problèmes de santé plus graves, notamment un cancer sous-jacent.

En effet, certaines études ont montré un lien entre l’apparition d’un zona et la découverte de certains cancers, en particulier chez les patients dont l’immunité est compromise.

 

Quelques mots sur le zona

Le zona est une infection virale causée par la réactivation du virus de la varicelle et du zona (VZV), le même virus responsable de la varicelle. Après une première infection par la varicelle, que nous avons presque tous eue durant l’enfance, le virus reste en sommeil dans le corps, souvent dans les cellules nerveuses. Il peut alors se réactiver des années plus tard sous forme de zona.

Cette réactivation du VZV est souvent déclenchée par un affaiblissement du système immunitaire, le stress ou le vieillissement.

Les symptômes du zona commencent généralement par une douleur ou des picotements d’un côté du corps ou du visage, suivis d’une éruption cutanée rouge et douloureuse qui se transforme en cloques remplies de liquide. Ces cloques finissent par se rompre et former des croûtes.

Outre la douleur et les éruptions, les patients souffrant de zona peuvent ressentir de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue, et une sensibilité accrue de la peau.

Le zona peut entraîner plusieurs complications, surtout chez les personnes âgées ou celles dont le système immunitaire est affaibli :

  • La névralgie post-zostérienne : une douleur persistante dans la zone touchée par le zona, qui peut durer des mois, voire des années.
  • Des infections cutanées secondaires,
  • Des problèmes de vision si le zona affecte les yeux,
  • Des problèmes neurologiques comme une inflammation du cerveau (encéphalite).

Le traitement du zona vise principalement à soulager la douleur et à réduire la durée de l’infection. Il repose principalement sur des antiviraux (aciclovir), des antalgiques, des crèmes apaisantes, parfois des corticoïdes.

La HAS recommande la vaccination du zona des personnes majeures avec système immunitaire défaillant, et depuis mars 2024 de toutes les personnes de plus de 65 ans.

 

Zona : peut-il cacher un cancer ?

Le zona, dans la majorité des cas, est une affection bénigne. Un traitement antiviral, quelques médicaments contre les symptômes (douleur, démangeaisons…) et c’est réglé.

Cependant, parfois, la survenue du zona peut être le signe d’un problème de santé plus sérieux, comme un cancer. Pourquoi ? Parce qu’il se déclenche souvent lorsque le système immunitaire est affaibli.

En effet, le cancer, dont surtout les cancers du sang comme la leucémie ou le lymphome, est une maladie capable d’affaiblir les défenses naturelles de l’organisme, permettant à diverses infections « opportunistes » de passer à l’attaque. Le virus de la varicelle-zona, étant déjà sur place (à l’état dormant dans les cellules nerveuses), se réveille alors et prolifère.

Plusieurs études, notamment cette étude danoise publiée en 2017, montrent que chez certaines personnes, en particulier celles de plus de 65 ans, l’apparition d’un zona pourrait précéder la découverte d’un cancer. Cela ne signifie pas que chaque cas de zona cache un cancer, loin de là, mais dans de cas rares, un zona persistant ou récurrent pourrait être un signal d’alerte.

Il est donc important de ne pas ignorer ces situations. Si vous avez un zona qui ne guérit pas ou qui revient fréquemment, surtout accompagné d’autres symptômes comme une perte de poids inexpliquée, une fatigue intense ou des douleurs persistantes, parlez-en à votre médecin traitant.

Mieux vaut prévenir et vérifier plutôt que de passer à côté de quelque chose de plus grave. Un bilan médical complet peut alors être nécessaire pour écarter toute suspicion de cancer ou d’autres problèmes de santé sous-jacents.

 

Zona chez le patient cancéreux : comment se protéger ?

Chez les patients atteints de cancer, le zona est plus fréquent et peut être plus sévère. Comme dit plus haut dans l’article, le cancer affaiblit souvent le système immunitaire, que ce soit à cause de la maladie elle-même ou des traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Cela rend les patients plus vulnérables aux infections, y compris la réactivation du virus du zona/varicelle.

Pour les patients atteints de cancer, le zona est plus susceptible d’entraîner des complications graves, telles que des infections secondaires, des douleurs prolongées (névralgie post-zostérienne), et même une dissémination du virus dans tout le corps.

De plus, la guérison peut être plus lente et les symptômes plus intenses. La prévention du zona est donc essentielle chez les patients souffrant de cancer. Alors, comment se protéger ?

Voici des mesures employées pour réduire le risque de zona chez les patients cancéreux :

  • Se faire vacciner contre le zona. Ceci est recommandé pour les patients immunodéprimés sous certaines conditions et désormais chez toutes les personnes de plus de 65 ans.
  • Maintenir une bonne hygiène personnelle et éviter le contact avec des personnes présentant des infections actives.
  • Gérer le stress (qui affaiblit l’immunité) à travers des techniques de relaxation, de la méditation, ou un soutien psychologique.
  • Bénéficier d’un suivi médical rigoureux. Ainsi, en cas de symptômes de zona, une intervention rapide avec des antiviraux pourra réduire la gravité et la durée de l’infection.

Grâce à ces quelques précautions, les patients atteints de cancer peuvent mieux se protéger contre le zona et ses complications, en maintenant leur qualité de vie autant que possible.

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Dr Clémentine Besnard

Le Docteur Clémentine Besnard est Oncologue Radiothérapeute au Centre HORG, elle a aussi exercé en tant que Chef de Clinique Assistante en Oncologie Radiothérapie à l’Hôpital Européen Georges Pompidou, prenant en charge une diversité de pathologies, dont les cancers de la peau et les sarcomes, tout en partageant son expertise universitaire en assurant les enseignements et la formation des étudiants en Médecine de l’Université Paris Descartes. Le Dr Besnard s’engage dans les avancées de sa spécialité en étant membre de la SFRO depuis 2017, et membre active du CORP (club des oncologues radiothérapeutes de Paris).