lymphoedeme gros bras apres cancer du sein

Le lymphœdème ou « gros bras » post-traitement d’un cancer du sein

novembre 2, 2023

Docteur Pauline CASTELNAU-MARCHAND

Le lymphœdème du bras, correspondant à un gonflement du membre supérieur et de son extrémité, est un effet secondaire possible du traitement du cancer du sein.

Celui-ci peut avoir un impact sur la qualité de vie des patientes et entraîner des douleurs dans certains cas. Il est nécessaire d’essayer de le prévenir au mieux, et en cas d’apparition, de le prendre en charge de la façon la plus adaptée possible.

Le lymphœdème du bras nécessite une prise en charge adaptée incluant un drainage lymphatique manuel, le port d’un manchon de compression, des exercices physiques, des soins de la peau et une éducation thérapeutique.

 

Qu’est-ce qu’un lymphœdème ou « gros bras « cancer?

Lymphoedeme bras gonfle

Le lymphœdème se caractérise par une augmentation du volume du bras ou de la jambe en raison d’un dysfonctionnement ou blocage du système lymphatique. Il peut toucher le bras ou la jambe en fonction de la maladie et des traitements reçus.

Dans le cadre du traitement du cancer du sein, le lymphœdème affecte le bras du côté du sein traité, soit dans sa totalité (incluant la main et les doigts), soit de manière partielle.

Celui-ci peut apparaitre précocement ou tardivement, même des années après, le traitement du cancer.

Après quelques semaines ou mois, cette augmentation de volume impacte également sur la qualité de la peau qui devient alors plus épaisse. Le tissu adipeux (la graisse), sous-jacent peut alors s’accumuler plus facilement.

Le lymphœdème du bras peut devenir chronique si la quantité de lymphe est faible.

 

Quelles sont les causes du lymphœdème lors du traitement du cancer du sein ?

Le lymphoedeme infographie

 

Le lymphœdème est donc une conséquence du traitement du cancer et non du cancer lui même.

Dans de très rares cas, il peut être induite par la tumeur elle-même, en cas d’absence de prise en charge thérapeutique, du fait de l’évolution et de l’envahissement de la zone ganglionnaire axillaire.

Le lymphœdème du bras n’est pas une pathologie grave, mais il peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patientes, même des années après la guérison de leur cancer. Cette séquelle est donc un élément essentiel à prévenir et à prendre en charge.

Lymphœdème : Signes et symptômes

Le lymphœdème du bras post-cancer du sein est souvent d’apparition progressive et discrète. Mais certains signes cliniques peuvent mettre la puce à l’oreille :

  • le bras du côté traité pour le cancer est plus volumineux, y compris la main ou les doigts initialement positionnel puis pouvant devenir constant, ou au réveil ;
  • Une limitation de la mobilité du bras (épaule, coude, poignet, doigts)
  • Un épaississement de la peau du bras, pouvant également être plus dure ;
  • la patiente atteinte peut avoir l’impression que ses bijoux ou vêtements habituels sont trop serrés.
  • En absence de prise en charge, des douleurs au niveau du bras ou des doigts peuvent apparaitre.

En présence d’un ou de plusieurs de ces symptômes, il est important d’en faire part à l’un des médecins qui s’occupe de votre prise en charge pour pouvoir mettre en place un traitement adapté afin de réduire le lymphœdème et retrouver un confort de vie satisfaisant.

 

Lymphœdème bras cancer : comment limiter le risque ?

La prévention avant tout afin d’éviter l’apparition!

La première étape de la prévention concernera la technique de prise en charge chirurgicale. Effectivement, comme expliqué dans notre article dédié à la prise en charge du cancer du sein, la chirurgie peut consister en une chirurgie de la tumeur du sein exclusivement en cas de cancer in situ, ou, en cas de cancer infiltrant, associer une chirurgie de résection des ganglions.

Selon l’étendue de l’atteinte ganglionnaire initiale, le chirurgien privilégiera, dans la mesure du possible, le geste du « ganglion sentinelle« , c’est-à-dire, ne retirant que les 1-3 premiers relais ganglionnaires. Ce geste limitant le nombre de ganglions retirés permet de préserver au mieux le risque de lymphœdème ultérieur.

En cas d’atteinte ganglionnaire plus étendue, le geste chirurgical devra comporter un curage ganglionnaire, emportant un plus grand nombre de ganglions, et rendant le risque de lymphœdème plus significatif.

Concernant la radiothérapie et selon l’atteinte initiale ganglionnaire, les champs d’irradiation pourront ou non préserver les aires ganglionnaires.

La seconde étape, consiste en de la prévention secondaire après les traitements. Comme votre oncologue vous le dira, il faut absolument « Préserver le bras du côté du sein traité », c’est-à-dire, limiter le port de charge et éviter tout port de charge lourde du côté traité.
Par exemple chez une personne droitière ayant été traitée pour un cancer du sein droit, éviter de porter son sac à main sur l’épaule droite, éviter de porter ses courses avec le bras droit…Cela peut paraitre évident mais ce conseil est rapidement oublié du fait des habitudes que nous avons avec notre bras dominant!
Cette recommandation est à suivre au long cours, voire à vie, car le lymphœdème peut arriver même des années après les traitements.

 

Lymphœdème bras cancer : Quelle prise en charge ?

Lymphoedeme manchon de contention

Le traitement du lymphœdème installé, douloureux ou gênant, a pour but de réduire le gonflement, de soulager les symptômes et de prévenir les complications éventuelles.

La prise en charge comprend plusieurs mesures :

  • Le drainage lymphatique++ manuel réalisé par un kinésithérapeute. Le praticien réalise des massages doux et rythmés pour stimuler la circulation lymphatique et éliminer le gonflement.
  • Le port d’un manchon de contention ou d’un bandage compressif, pour exercer une pression sur le bras touché et réduire l’accumulation de lymphe dans cette zone.
  • Des exercices physiques guidés par le kinésithérapeute pour renforcer les muscles, mobiliser le membre supérieur et encourager le retour lymphatique et veineux (toujours sans port de charge lourde).
  • Des soins cutanés, pour nettoyer, hydrater et protéger sa peau afin d’éviter les infections cutanées (érysipèle) et les risques de blessures.
  • L’éducation thérapeutique, qui aide les patientes atteintes à comprendre les mécanismes d’une telle affection, pour mettre en place des mesures préventives au quotidien : surveiller le poids et l’alimentation, pratiquer une activité physique quotidienne, soulager la douleur, éviter les traumatismes, etc…
  • La réalisation de photobiomodulation est également une technique récente, permettant de réduire le lymphœdème.

Selon l’importance du lymphœdème, la prise ne charge doit être personnalisée et implique d’agir sur plusieurs aspects au quotidien. Elle peut nécessiter de faire appel à un kinésithérapeute ou médecin spécialiste du lymphœdème.

 

Conclusion

Malgré l’amélioration des techniques chirurgicales ainsi que de radiothérapie, le lymphœdème du bras après traitement d’un cancer du sein reste un risque non négligeable d’effet indésirable à moyen ou à long terme, même des années après le traitement. Il peut avoir des impacts significatifs sur la vie quotidienne d’une personne pourtant guérie de son cancer. Sa prévention ainsi que sa prise en charge est essentielle et doit être adaptée et personnalisée. N’hésitez pas à en discuter avec votre oncologue dès apparition des premiers symptômes.

 

 

 

 

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Docteur Pauline CASTELNAU-MARCHAND

Le Dr Pauline Castelnau-Marchand a rejoint l’équipe de l’Institut HORG en 2020, afin de poursuivre son activité médicale et de recherche, elle est notamment très impliquée dans la prise en charge des cancers du sein chez les femmes jeunes, des cancers ORL, urologiques ou encore digestifs. Le Docteur Castelnau-Marchand est également engagée dans l’enseignement et la formation médicale, en tant que vice-présidente du Club des Oncologues Radiothérapeutes Parisiens (CORP) depuis 2018.