Présentation des stades du cancer de la prostate (classification TNM)

Présentation des stades du cancer de la prostate (classification TNM)

juillet 30, 2024

Docteur Scher Nathaniel

Le cancer étant une maladie évolutive, la classification de ses stades d’évolution, à savoir de son étendue dans l’organisme du patient au moment de son diagnostic, est un facteur de pronostic majeur, ainsi qu’un critère essentiel de l’élaboration du protocole traitement le mieux adapté au cas par cas.

Toutefois, le stade de la maladie n’est pas le seul facteur pronostic du cancer de la prostate. Il se voit même minoré au rythme des évolutions de la médecine oncologique.

Ces dernières années, la découverte de nouveaux marqueurs spécifiques permettant de mieux cibler certaines cellules cancéreuses et de prendre en charge des maladies de stade avancé, a révolutionné la prise de cancers de la prostate auparavant dans l’impasse thérapeutique.

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La stadification du cancer de la prostate : le principe de la classification TNM

La stadification du cancer de la prostate consiste à classer les tumeurs cancéreuses en fonction de leur étendue dans l’organisme du patient.

Pour ce faire, on utilise couramment la classification TNM, qui repose sur l’étude croisée de trois critères : la taille de la tumeur (T), les éventuelles atteintes des ganglions lymphatiques (N) et la présence ou l’absence de métastases (M).

La mesure du taux de PSA (Antigène Spécifique de la Prostate) dans le sang est également utilisée pour déterminer le stade du cancer de la prostate.

L’augmentation de ce taux peut en effet être synonyme de cancer, quand bien même aucune tumeur n’a été détectée à la palpation ou à l’imagerie médicale.

L’élaboration d’un protocole de traitement et d’un pronostic ne repose pas uniquement sur le stade du cancer de la prostate au regard de la classification TNM, mais également sur son grade (agressivité), sa réponse aux traitements et des caractéristiques propres à chaque cancer (marqueurs tumoraux, hormono-sensibilité, type de cancer, etc.).

Dans 95 % des cas, le cancer de la prostate est un adénocarcinome. Les stades présentés ci-dessous sont ceux correspondant à ce type de tumeur.

Prostate et stades

 

Le cancer de la prostate de stade I

Le cancer de la prostate de stade I correspond à un cancer uniquement localisé dans l’organe prostatique. Différents scores TNM peuvent correspondre au stade I.

Dans le premier cas, la tumeur est invisible à l’imagerie médicale et impalpable lors de l’examen clinique (cT1), il n’y a pas d’atteinte ganglionnaire (N0), ni de métastases (M0), et le taux de PSA est inférieur à 10 (ng/ml).

Dans le second cas, la tumeur occupe la moitié ou moins d’un seul des lobes de la prostate (cT2a), il n’y a ni atteinte ganglionnaire (N0) ni métastases (M0).

Dans le troisième et dernier cas, la prostate a été ôtée chirurgicalement (pT2), et il n’y a ni atteinte ganglionnaire (N0) ni métastases (M0).

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Le cancer de la prostate de stade II

Au stade II, le cancer de la prostate est encore localisé. On distingue le stade 2A, 2B et 2C.

Au stade 2A, plusieurs scores TNM sont à nouveau possibles. On peut retrouver les scores du stade I, cT1, N0, M0 et cT2a, N0, M0, mais avec un taux de PSA variant de 10 à 20.

Le stade 2A inclut également les tumeurs qui occupent plus de la moitié d’un lobe de la prostate (cT2b, N0, M0) ou les deux lobes (cT2c, N0, M0), avec un taux de PSA de moins de 20.

Au stade 2B, la tumeur, toujours localisée à la prostate, atteint une taille plus importante (T1 ou T2), il n’y a pas d’atteinte ganglionnaire (N0) ni de métastases (M0). Le taux de PSA et de moins de 20, et la tumeur est de grade 2.

Le stade 2C est similaire au stade 2B (T1 ou T2, N0, M0), mais la tumeur est de grade 3 ou 4.

Le cancer de la prostate de stade III

Le cancer de la prostate de stade III est toujours un cancer localisé ou localement avancé. Il existe les stades 3A, 3B et 3C.

Le stade 3A correspond à une tumeur localisée dans la prostate (T1 ou T2), sans atteinte ganglionnaire (N0) ni métastases (M0), mais avec un taux de PSA supérieur à 20.

Le stade 3B est celui d’une tumeur qui s’est propagée en dehors de l’organe prostatique (T3 ou T4), mais n’a pas atteint les ganglions lymphatiques (N0) ni former de métastases (M0). De grade 1 à 4, et de n’importe quel taux de PSA.

Le stade 3C correspond à n’importe quel type de tumeur localisée ou infiltrante (tout T), toujours sans atteinte ganglionnaire (N0) ni métastases (M0), mais de grade 5.

Le cancer de la prostate de stade IV

Le stade IV correspond à la dissémination des cellules cancéreuses dans l’organisme. On distingue le stade 4A et 4B.

Au stade 4A, il s’agit de n’importe quel type de tumeur localisée ou infiltrante (tout T), qui a infiltré ganglions lymphatiques régionaux (N1), sans métastases (M0).

Le stade 4B marque l’apparition de métastases, peu importe les autres atteintes (tout T, tout N, M1).

La classification de d’Amico : une 2e stadifiction du stade du cancer de prostate

La classification d’Amico est la plus utilisée pour classer le cancer de prostate que le stade TNM. Elle classe les patients en 3 groupes : risque faible, risque intermédiaire et risque élevé sur la base d’une série d’indicateurs cliniques:

  1. Le taux d’antigène prostatique spécifique (PSA) avant traitement,
  2. Le score de Gleason,
  3. Le stade clinique de la tumeur.

Ainsi, on distingue :

  • les tumeurs de bas risque (Stade T1c ou T2a, PSA < 10 ng/mL et Gleason 6) ;
  • les tumeurs de risque intermédiaire (Stade T2b ou T2c, PSA compris entre 10 et 20 ng/mL et Gleason 7) ;
  • les tumeurs à haut risque (Stade T3, PSA > 20 ng/mL et Gleason > 7).

Plusieurs sociétés savantes, notamment UroFrance, l’Association européenne d’urologie et l’Association américaine d’urologie privilégient la classification de d’Amico couramment utilisée pour évaluer le stade du cancer de la prostate. Ceci, bien qu’un certain nombre d’urologues en France et en Europe continuent à s’appuyer sur la classification TNM.

 

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Docteur Scher Nathaniel

Docteur Nathaniel SCHER est spécialisé en oncologie et radiothérapie, il est attaché de recherche au sein de l’institut HORG depuis 2017 ou il coordonne plusieurs projets de recherche clinique.